Si vous avez vécu votre adolescence comme moi dans la musique grunge, que vous avez adulé Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden pour ne citer que les plus connus, alors comme moi, ce morceau vous replongera quelques années en arrière. Suffisamment d’années pour que cela semble être un autre monde, il y a une éternité et qu’en même temps, vous puissiez ressentir de nouveau en vous la façon dont vous étiez, dont vous pensiez à l’époque. Comment la vie venait juste d’éclore finalement. Le lycée, les coups avec les potes, les cuites, les chemises à carreaux, les jeans troués (par nos soins),les puma, les cheveux longs, cette liberté naissante, si excitante, si frustrante, si neuve, si pleine de promesses.
Pour moi, dans mes souvenirs, et je suis consciente de les sublimer, c’était une epoque merveilleuse, magique, l’epoque ou l’on se forge sa personnalité, où l’on affirme des idées, des opinions, ou l’on s’affirme. C’est un moment incroyable.
J’ai des souvenirs d’Allemagne, de beaux Allemands aux cheveux longs, de grandes bières, de musique, de séduction, de désinhibition. Je fais enfin ce que je veux et j’y vais. A fond. J’ai confiance, je suis immortelle, the future is mine.
J’ai des souvenirs de voyage de classe à paris en première à écouter le unplugged de Nirvana à s’en faire péter la tête. De discussions nocturnes dans le bus, être avec les potes, juste les potes et adorer ca.
Des souvenirs de voyage de classe à Barcelone à chanter les Cranberries « Ode to my family » et « Zombie » dans le car, de lunettes de soleil rondes ou ovales avec des verres colorés.
Des souvenirs de fumage de pétard dans la cour entre 2 cours, de babyfoot, du pub de l’étoile ou j’eatis allée en semaine en faisant le mur par flemme de demander une permission que je n’étais pas sure d’obtenir, de comment j’ai fait du rentre dedans toute la soirée à cet allemand en échange, cet allemand que je voulais à tous prix, que j’ai fini par réussir a me faire après suffisamment de verres et de baratins en franco-anglo-allemand/ sourires ravageurs, dont je suis tombée aussitôt amoureuse, comme on est capable de le faire a cet âge la, cet allemand à qui j’ai écrit de longues lettres, qui ne m’a jamais répondu, qui m’a brisé le cœur alors, qui m’a écrit des années plus tard après avoir retrouvé mes lettres, cet Allemand qui est aujourd’hui dans mes amis Facebook, 15 ans plus tard. Je me souviens de ce morceau qui me faisait pleurer toutes les larmes de mon corps en pensant à mon amour perdu, à ce garcon qui me manquait tant, ce morceau des Smashing Pumpkins « Blew away ».
Je me souviens d’un tas de morceaux qui me faisaient pleurer. Je me souviens de la détresse que l’on peut ressentir a cet âge la, quand on est déçu, et on l’est souvent finalement, car on attend tellement de choses, on croit en tellement de choses, un manque de réalisme, un manque d’expérience, voila ce qui nous rendait si fragiles, mais je donnerais n’importe quoi pour retrouver cet innocence, cette forme de naïveté totale, quitter mon habit de pessimisme, de cynisme, ces traits de caractère que l’on a développés au fil des ans pour se protéger de la désillusion.
Bon ok j’exagère un poil, pour changer, mais j’ai encore une part d’âme d’ado et c’est pour ca que j’en parle autant. Certains ont oublié, certains, surtout, ont une expérience différente de la mienne, mais moi, en 3 notes je redeviens celle que j’étais alors. Les souvenirs : un réservoir à émotion, une malle de déguisement, une machine à voyager dans le temps, n’ importe où, n’importe quand.
Et ce matin 23 Septembre 2009, j’ai voyagé en 1995.