28 février 2008

J-42

Bon allez, un petit post de bonnes nouvelles !

D’abord je viens de gagner un duel sur lequel je galérais sur Burnout 3 et ca, ca fait plaiz. Je passe beaucoup de temps sur Burnout. Il faut dire que mon chéri, dans un accès de romantisme intense, m’a offert une rallonge pour la manette de la PS2 pour la Saint Valentin afin que je puisse jouer à la console du fin fond du canapé qui était jusqu’alors un peu trop loin de la télé. Et aussi une plante avec des jolies fleurs rouges et un cœur, mais ca on s’en fout !

Autre bonne nouvelle et pas des moindres : nous avons trouvé des repreneurs pour notre appartement. Ce qui signifie que d’un point de vue verre a moitié plein-verre a moitié vide, nous avons soit, gagné 2 mois soit, perdu 1 mois de loyer. Mais ca aurait pu être tellement pire.
En plus je peux enfin me lever le matin sans y penser direct sur le thème de « Mon dieu qu’allons nous devenir ! ». Je peux enfin me concentrer sur les choses importantes qu’il me reste à faire pendant ces 42 jours, c'est-à-dire :

1. Faire cette chambre de bébé : peindre le meuble, le chevet, organiser les meubles, coller les stickers..

2. Partir à la recherche des dernières choses essentielles qui me manquent et revenir avec des choses complètement inutiles comme une fleur en bois, des fleurs en gel pour coller sur les vitres.

3. Essayer de caser cette putain de déco qui décidément ne rentrera pas en entier dans l’appart,

4. M’acheter des chemises de nuit et des soutifs d’allaitement sur la Redoute ou Vertbaudet.

5. Halluciner sur la taille de nénés que je vais pouvoir avoir quand je commencerai à allaiter et faire la danse des gros nichons autour de mon berceau en carton (oui, ce pauvre enfant va dormir dans un carton. Mais je vous rassure, c’est très design. Alors il a pas interet a se plaindre sinon… heu… fessée ! Quoi ? Mère indigne moi ? Toujours !)

Je fais des recherches sur une disposition feng shui de la chambre pour compenser le fait que je vais y mettre une plante et que plus d’une maman s’indignera a cause des rejets de dioxyde de carbone pendant la nuit. J’apprends que bouh, il ne faut pas utiliser de produits mustella parce qu’il y a du paraben dedans, apprendre ce qu’est du paraben, m’indigner a mon tour, puis me rendre compte qu’il faut que j’achète des produits de toilette pour ce pauvre enfant.

Et des couches aussi.
Et que je dois préparer une valise pour la maternité et que dedans, ya des trucs top glamour à mettre dedans. Je vous raconte pas les joies de l’accouchement et des suites d’accouchement, c’est l’heure du diner, mais il y a des choses quand je les demande à la pharmacienne, j’attends qu’il n’y ai plus personne dans le magasin, que la pharmacienne soit bien une pharmaciennE et je parle en chuchotant avant de rougir comme une pivoine. Je sors de la pharmacie avec des airs de dealers de drogue à l’affut d’une bagnole de flic et je m’engouffre dans le métro sans demander mon reste avec de grandes lunettes de soleil pour qu’on ne me reconnaisse pas.

Je me rends compte qu’il y a encore plein de choses à acheter et que je n’ai plus de sous : un mobile, un tapis d’éveil, un lit, un coffre a jouet…

Vous me direz que j’ai encore le temps, qu’il reste 6 longues semaines ! Autant dire que c’est faux parce qu’en fait, ca y est, enfin, je suis une femme enceinte normale : je suis fatiguée, très fatiguée, je pourrais dormir toute la journée. Et je le fais. En revanche, la nuit je veille. Tard . Très tard. Trop tard. Hier à 3h du matin, je triais mes papiers. C’était super. Alors aujourd’hui j’ai lutté toute la journée pour ne pas dormir pour essayer de recaler mon sommeil. Espérons que ca va marcher parce que la c’est plus possible.
Autant la nuit quand on peut sortir, picoler, fumer tout ça, c’est fun, autant quand aucune, je dis bien aucune, de ces options n’est disponible, c’est franchement l’horreur. Surtout quand on voit que y’en a un juste la qui lui n’a aucun problème a dormir.

Voila c’était le post du jour, envoyez moi des moutons à compter pour cette nuit, vous serez bien urbains !

21 février 2008

Trop

Je traverse une période étrange… il se passe des millions de choses. Des millions. Pas forcement de bonnes choses. Mais les journées qui naissent et meurent sans avoir d’existence ou de signification n’existent plus. Limite je les regretterai ces journées. Ces journées qui n’ont rien changé. Qui auraient pu ne pas être la ca aurait été pareil. Et puis en fait non.
Je me souviens de ce sentiment de vide. De rien. De la vie qui passe, vite, très vite sans avoir beaucoup d’intérêt. Je n’ai jamais aimé ce sentiment. J’aime me sentir vivre. Etre ballotée d’émotions fortes en émotions fortes. Même si parfois, je me sens devenir folle, même si parfois c’est tellement désagréable qu’on ne veut plus se lever le matin. Même si la douleur est tellement intense qu’on croit qu’on va en mourir, la comme ça. Ou le stress est tellement important que le corps implose. Parce que d’autre part, il y a aussi la joie, l’excitation, tout un florilège d’émotions qui donnent des ailes, qui font que notre bouche n’est pas assez grande pour accueillir le sourire qui nous envahit, ou les oreilles pas assez nombreuses pour écouter notre bonheur se déverser. Et puis, surtout parce qu’au moins il se passe des choses.

Oui, donc en ce moment il s’en passe des choses.

Pour une raison que j’ignore nous n’arrivons pas a trouver de nouveaux locataires pour notre ancien appartement. Il y a donc tout un tas de pognon qui part par les fenêtres, qui se fait la malle. Comme si nous en avions trop. Ce n’est pas le cas, ma situation professionnelle est plus qu’incertaine. Le 2ème semestre risque d’être hardcore, nous avons besoin de provisionner. Je deviens folle. Je fais visiter l’appartement et puis j’attends, j’espère et il ne se passe rien. Alors je continue, mais je suis épuisée. Physiquement car à ,plus de 7 mois de grossesse et psychologiquement parce que je veux régler ce problème qui me bouffe la vie.

A ma dernière échographie, les mesures étaient mauvaises. Le bébé tout petit. J’avais peur. Car ca peut être grave. Comme ca peut n’être rien. Mais j’avais peur pour mon petit bébé. Peur qu’il souffre, peur de ne finalement jamais le voir. Peur que tout cela tourne au cauchemar. Et je me sentais coupable aussi. Maman ne mange pas assez, maman s’agite trop, maman est stressée, maman te fait du mal. Maman est mauvaise. Un bon cercle vicieux de merde.
Et puis hier n’en pouvant plus et poussée par ma binomette, j’ai appelé la maternité pour leur faire part de mes angoisses. Mini bébé, perte de poids, mouvements moins présents. Ils m’ont dit de venir. J’ai eu encore plus peur. Mais en fait j’ai passé la soirée avec mon bébé. A écouter son petit cœur battre pendant 45 minutes. A l’entendre s’accélérer au moindre mouvement. Puis nous l’avons vu à une échographie, il s’agitait dans tous les sens. Et puis le chef de service a décidé de refaire les mesures. Pour se rendre compte que ce petit bébé était parfait. Qu’il allait très bien. Que mon échographiste avait sans doute fumé du crack le jour de mon echo. L’enculé. Nous sommes ressortis de la à 1h du matin complètement rassurés. J’ai maintenant un pti bout de 2kgs dans le ventre qui fait des galipettes. Qu’il me tarde de voir certes, mais pas trop tôt. C’est toujours la surprise concernant le sexe. Nous avons nos prénoms. Que nous gardons secrets. Il reste 51 jours avant la rencontre. Et je peux enfin regarder mon ventre sans avoir peur. Mon beau ventre tout rond, tout moulé. Au moment où je vous écris, ca gigote grave.

Sinon, j’ai un demi-frère que je ne connais pas qui m’a retrouvée via copains d’avant Samedi. Un demi-frère qui a une jumelle, qui est donc ma demi-sœur. Et ouais. Truc de dingue. Perturbant. Très perturbant, mais plutôt cool. Je digère la nouvelle pour l’instant. Je ne sais pas ce qu’il va se passer. Comment ca va se passer. Si nous allons nous rencontrer ou pas. Il parait qu’il me ressemble. Moi qui ne ressemble a personne dans ma famille.. C’est la grande inconnue. To be continued.

2008 ressemble fort à une année qui ne sert pas à rien.

15 février 2008

Douceurs sucrées

A la base, je mange très très peu de sucré, je suis plus du genre à grignoter un plateau de fromages que des biscuits. D’ailleurs je n’achète jamais de biscuits, de chocolats, et dans ma passion de la cuisine, a part le tiramisu, ben je ne faisais aucun dessert.
Tout cela a bien changé depuis que je suis enceinte et j’ai de furieuses envies de sucrés. Il m’est même arrivé de me nourrir exclusivement de bols de country crisp au chocolat pendant une journée. J’achète des pim’s (orange exclusivement)et une fois le paquet ouvert, la seule chose qui peut m’arrêter d’en manger est la fin du paquet. Donc c’est naturellement que je me suis mise à la pâtisserie et j’ai récemment découvert une très très bonne recette de tarte aux fraises façon fraisier, recette délicieuse que je vais vous donner ici, me permettant également de ne pas la perdre.

Ingrédients :
* 500g de fraises
* 3 jaunes d’œufs
* 120g de sucre
* 35g de maizena
* 250 ml de lait
* 2 cuillères a café d’extrait de vanille (j’utilise personnellement une vrai gousse de vanille)
* de la pate feuilletée (que vous pouvez faire ou acheter toute faite, ce que je fais , non mais faudrait voir a pas deconner, on a des boulots, nous maintenant !)
* quelques feuilles de menthe fraiche (optionnel mais vraiment miam)

Faites cuire votre pate feuilletée à blanc ( four à 220°, piquer bien les bords et le fond de la tarte et la recouvrir généreusement d’haricots secs ou pois chiches ou fèves et faire cuire 15 minutes environ)
Découpez la moitié des fraises en tout petit cubes, l’autre moitié en rondelle
Dans une casserole faites chauffer (pas bouillir) le lait
Pendant ce temps, mélangez les 3 jaunes d’œufs avec le sucre (blanchir), puis ajoutez la maizena (35g correspondent à peu près à 3 cuillères à soupe pas bombées) et mélanger.
Puis ajoutez le lait chaud, mélangez et remettez ce mélange sur le feu a feu moyen. Remuez avec un fouet pendant 5 minutes, vous allez voir, le mélange va subitement commencer à épaissir sérieusement. Pas de panique, c’est normal, en fait, à votre insu, vous êtes entrain de confectionner une crème pâtissière. Bien mélangez avec le fouet. Retirez du feu et ajoutez l’extrait de vanille.
NB : Si vous utilisez de vraies gousses de vanille, je vous conseille de les fendre, de gratter la poudre a l’intérieur de la gousse. Mettez les gousses « vidées » dans le lait pendant qu’il chauffe, retirez les avant de mélanger avec le mélange œuf-sucre-maizena. C’est la poudre que vous ajoutez ensuite une fois votre crème pâtissière épaissie.

Disposez les fraises en cubes sur le fond de la tarte, puis recouvrez de la crème pâtissière (pas facile) puis disposez les rondelles par-dessus tout ça.
Saupoudrez d’un peu de sucre glace (surtout si vous n’êtes pas en pleine saison des fraises) et décorez avec une petite dizaine de feuilles de menthes.
A noter que j’aime mélanger un petit peu de menthe ciselée avec les cubes de fraises aussi, mais n'en abusez pas.
Mettez au frais minimum 30 minutes.

Miam

Vous noterez alors qu’il vous reste 3 blancs d’œufs. Abandonnés, esseulés, vous les regardez et n’avez pas envie de les jeter. Que faire ? De la meringue ? Encore faut-il avoir 2 heures devant soit.
Pour ma part, j’opte pour la mousse au chocolat.
J’ai fait quelques recherches et me suis rendue compte que les recettes classiques incorporaient également les jaunes. Et puis je suis tombée sur une recette où il n’y avait que les blancs. J’ai tenté et je peux vous dire que c’est la meilleure mousse au chocolat que j’ai jamais mangé.

Je vous fais donc également part de cette recette

Ingrédients :
150g de chocolat pâtissier
Un peu de crème fraiche liquide légère : 10 cl je dirais. Je pense que c’est optionnel mais je conseille
3 blancs d’œufs

Faites fondre le chocolat avec la crème liquide dans une casserole a feu doux, bien sur. Laisse refroidir complètement le mélange.
Battez les 3 blancs très fermes avec une pincée de sel. Puis incorporez les blancs d’œufs dans le chocolat. C’est pas facile au début parce que bon, le chocolat refroidi a sérieusement épaissi. On croit même qu’on est entrain de ruiner sa mousse au chocolat. Mais en fait ca va. Puis mettez au frigo. Une nuit dans l’idéal, mais j’ai remarque que déjà au bout de 2h, c’est largement mangeable. Je vous préviens ca en fait pas des masses en quantité, mais elle est bien épaisse et suffit pour 3 personnes. Donc pour plus de gens, l’equation est facile. 1 blanc d’œuf et 50g de chocolat par personne.

Voili voilou
Bon appétit et tout et tout !

11 février 2008

Rage dance with me

Voila, on est Lundi, il est 7h du matin et la semaine commence mal, très mal.
Il n’y a déjà plus de places pour Rage Against The Machine le 04 Juin.
Mises en vente Vendredi et c’est déjà complet.
Ca m’énerve.
Ce concert fait partie de mes concerts regrets. C’est-à-dire, un des concerts que j’aurais du faire, parce que je suis une fan, très grande fan de rage against the machine, dont le premier album éponyme, une succession de tubes, marqua mon adolescence, ma découverte de la musique, la vraie, après la traversée du desert. Souvenirs d’hurler « freedom », « fuck you I won’t do what you tell me », « know your enemy » dans une voiture perrave en Allemagne, avec ma copine Martina, dont j’ai d’ailleurs rêvé cette nuit, suis-je entrain de me souvenir.. A se repasser 30 fois le début de la 10, juste pour entendre le petit « wou » jeté par Zach de la Rocha après 10 secondes de morceau
Non, vraiment, j’espère qu’ils vont rajouter une date, parce que je ne supporterai pas d’avoir raté la chance de rattraper l’occasion manquée en je ne sais plus quelle année de les voir sur scène. Cette année la, ils jouaient dans un festival avec Prodigy, autre groupe phare à mes yeux il y a 10 ans. La aussi je me souviens de m’être décrochée la tête, les bras et les jambes en dansant sur « breathe » dans des boites de night allemandes. Oui, je sais, j’ai eu une période Allemagne. Une période, je veux y vivre, sortir avec un blond aux cheveux longs en buvant une quantité anormale de bières . J’y ai passé pas mal de temps, dont plus des ¾ bourrée à mort. J’y ai fait beaucoup de festivals où j’ai vu quantité de groupes, surtout de la fusion et du métal. La dernière fois que je suis rentrée a Besançon, j’ai d’ailleurs recherché les lettres de ma copine Suzie pour retrouver son adresse et j’ai la ferme intention de lui réécrire. On rigolait bien avec Suzie, une bonne fêtarde, un frère charmant. Que tout cela est loin !
J’ai très envie de me mettre un petit rage la, tout de suite, mais j’ai comme idée que les voisins vont moyen apprécier à cette heure matinale.

Bon et sinon, l’installation avance bien. Chambre, salon, cuisine sont complètement aménagés, on a fait tous les branchements Internet, TV, Playstation etc. Manque plus que la chambre de bébé, dont je vais commencer à m’occuper doucement cette semaine. Je dis doucement parce que finalement ca fait plus d’un mois que je m’agite dans tous les sens alors qu’apparemment j’étais censée me « reposer plus que jamais » dixit le site doctissimo. Hum. Pauvre petit bébé. Il a du grave halluciner. Donc la, sur les 2 derniers mois, je me remets en mode « grossesse » : bien manger, boire plein d’eau, me reposer, avoir de longues conversations avec mon ventre et lui faire écouter plein de musique. Il n’est jamais trop tôt pour l’éducation musicale, c’est moi qui vous l’dit. Et j’en ai la preuve. Mon petit frère a qui je faisais écouter du Beastie Boys, du Cypress Hill et du DJ Shadow des l’âge de 4 ans (et qui pourtant avait l’air moyen réceptif) fait maintenant partie de ces gens qui vivent, mangent et respirent musique. Bon ok, il s’agit plutôt de métal en ce qui le concerne, mais à chaque génération son type de musique. En ce moment, je suis en mode zen : sur ma chaîne, Zero 7, Jamiroquai, Cuaterto Patria, Zenzile, Cinematic Orchestra, Smoke City, Manu Chao. Classique, mais good vibes.
Bon allez, je vais filer à la douche, ma préparer pour ma journée « crèche », la ou je vais aller supplier des dames de bien vouloir m’accorder une place, chivouplé. Et puis aussi, je vais jouer à la console. Et puis étendre mon linge. Enfin, tout un tas de choses super excitant.
Tout pour oublier que j’ai raté la chance de ma vie de retomber en adolescence en pogotant sur RATM.

08 février 2008

Mon petit bébé

Je n’en parle pas beaucoup, comme ça ici, même avec mes amis, j’en parle peu. Je dis que je suis contente, heureuse, mais ce que je ressens va bien au delà d’une formule aussi simple. Simplement j’ai le sentiment que tout cela est très intime, trop intime pour le raconter. Trop intime et nouveau pour réussir à réellement mettre les mots justes sur les émotions.

En tous cas mon petit bébé je le sens gigoter, parfois beaucoup, il me met des coups dans tous les sens, ou se tortille comme un petit vers de terre. Parfois il déforme complètement mon ventre du côté droit et une bosse toute dure apparait alors. Je l’appelle « le bossu », d’ailleurs. Parfois, il bouge trop peu et je m’inquiète. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose, qu’il ne se développe pas normalement. Ce serait tellement dur si quelque chose se passait maintenant, alors que l’amour que ce que je ressens pour ce petit être qui pousse à l’intérieur de mon corps est tellement fort, tellement réel. Il me tarde tant de l’avoir dans mes bras, de m’en occuper. Il me tarde tant de le voir enfin et d’entrer dans cette phase pour laquelle je me prépare pendant tout ce temps de gestation : devenir mère.

Mais j’ai si peur. Peur de tout ce stress auquel je l’expose, de ces efforts physiques que je ne peux m’empêcher de faire à cause du déménagement, à cause des quelques clopes que je fume, parce que je ne gère plus le stress. Peur de lui faire du mal. Peur que ce petit bébé souffre déjà. Peur de regretter toute ma vie d’avoir fait les mauvais choix, d’avoir eu les mauvaises attitudes. Je ne suis plus la seule en jeu. Mais peut-être suis-je trop faible, trop impatiente, pas assez mure pour gérer mes priorités.

Mon petit bébé, je t’aime.

All alone

Monsieur est parti à Genève. En séminaire. Pas le choix bien sûr, mais tout de même, ça tombe mal. Il est parti en me laissant seule ici, dans le froid, sans chauffage, sans eau chaude. Heureusement que nous avions fini par garder ces plaques électriques, sinon, je ne pourrais pas non plus me faire à manger. Il m’a laissé seule ici, dans ce lieu que nous ne connaissons pas encore, un lieu qui va nous devenir familier mais qui pour l’instant n’est pas encore empreint de nos marques. Sans lui, j’ère à travers les pièces, je jauge l’ambiance, le voisinage, je repère les défauts et les qualités, j’attends que ce lieu m’appartienne, mais je suis sans lui.

Pourtant j’aurais voulu faire ces premiers pas ici, en sa compagnie. Doucement nous approprier ce lieu qui va voir naitre notre petit bébé d’amour, qui va le voir grandir, qui va nous recevoir en tant que nouveaux parents. La salle de bain si petite va-t-elle être vraiment un handicap ? Et cette cuisine ou je n’arrive pas tout à caser, un véritable capharnaüm anti-pratique ? Ce balcon que je n’ai plus va-t-il me manquer cruellement, ou juste un peu, comme ça, comme une piqure de temps en temps ? Le ou la voisine qui joue du piano, dont la mélodie résonne dans toute la chambre en joue-t-elle souvent ? Les travaux qui se préparent sur la façade qui donne sur la rue vont-ils s’étendre à l’intérieur de la cour, réduisant à néant mes aspirations au calme ? Je suis seule ici avec toutes ces interrogations, sans compter celles qui concerne l’autre appartement : va-t-il retrouver un peu d’allure, allons-nous réussir à lui trouver de nouveaux locataires bientôt ? Je suis seule et ça pèse lourd.

Toutes ces questions sans réponse résonnent dans le silence de l’appartement. Je ne parle pas de toute la journée, si ce n’est pour échanger quelques phrases avec un employé de la macif ou du gaz pour essayer d’avoir un peu de chaleur ici. Le matin, je mets à chauffer une grande casserole. J’attends que l’eau soit bouillante puis je la verse dans la bassine verte, je l’amène dans la salle de bain, en vide une petite partie dans le lavabo, que je mélange avec de l’eau froide. Je me lave alors le visage. Avec le reste de l’eau, je me mets dans la douche et je me lave à l’éponge, accroupie, faisant couler quelques gouttes de cette eau bouillante sur mon corps froid. Je me délecte de ce moment et me savonne, puis je renverse le contenu de la bassine selon des positions étudiées pour rincer la mousse. Ca me rappelle Madagascar. Oui, mais je suis enceinte de plus de 6 mois et tout est soudainement trop compliqué pour moi. Or je suis seule, et n’ai pas d’épaule sur laquelle m’appuyer si ce n’est 2 fois 5 petites minutes au téléphone chaque jour.

Mon amour, tu me manques, j’ai besoin de toi.

Madeleines

J’aime à me replonger dans mes souvenirs. Il suffit d’un petit rien, une musique, une odeur, un vêtement, une lumière pour que revienne à la surface de ma mémoire un instant vécu dans le passé.

Je m’installe alors et me laisse happer à l’intérieur de moi-même. Je me téléporte dans l’émotion de ce moment, la réalité s’évapore et je flotte, libéré de toute notion d’espace-temps.. C’est un petit Zero 7 qui a été déclencheur tout à l’heure. Alors qu’il faisait un froid polaire, que les piles de cartons parasitaient mon champ de vision, je me suis soudain souvenu d’un massage de pied, à Nice par une belle journée d’été, la musique de Zero 7 dans l’air, oui, à cet instant-là, on me massait les pieds. Qui, cela a peu d’importance. Je suppose d’ailleurs qu’il est resté dans ma mémoire par le simple biais de ce souvenir, et peut-être aussi de ma découverte de la gastronomie indienne. Deux petits fils le retiennent de sombrer dans l’oubli. C’est plutôt drôle de penser à la mémoire en ces termes. En me souvenant de ce moment, j’ai pu sentir la chaleur du soleil sur ma peau, la langueur de cet instant, le bien-être et moi-même, avant, plus jeune, dans un autre état d’esprit. Mes préoccupations du moment, mon quotidien, mes aspirations. C’était bon.

Je crois avoir enfin réussi à dompter ma mémoire. Elle, auparavant synonyme de nostalgie, de souffrance, est devenue un véritable réservoir à émotion, un trésor. Je ne la regrette plus, je m’en sers pour rendre chaque instant de ma vie plus riche de pleins d’autres possibilités, de pleins d’autres ressentis. Savoir que je sais, que j’ai vécu ces instants et que je peux les revivre en fermant les yeux et en les approchant doucement, plutôt qu’en les percevant comme le poids de ce que je n’ai plus. De ce qui ne reviendra plus.