J’entre dans la salle d’attente, en portant malo comme un enorme sac en papier endoudouné, je dis bonjour, je m’assois et je commence à le deshabiller. C’est pas facile car je suis moi-même très emmitouflée et le fauteuil dans lequel je me suis assise, tout petit. Alors j’ai un peu de mal. C’est sur tout le monde me regarde en se disant que je ne sais pas m’occuper de mon fils. Qui regarde tout le monde en souriant. Les gens doivent penser que ce pauvre enfant ne voit jamais personne et que la vue de quelqu’un autre que sa mère le plonge en transe.
La porte de la pédiatre s’ouvre, c’est à mon tour. Je pose mes 30000 sapes sur le fauteuil, je m’assois maladroitement et je fais tomber les bonnets au passage. Elle doit se dire que je suis bourrée. J’explique que malo se gratte l’oreille et hurle quand il mange et qu’il ne fait plus de sieste et qu’il est quand même bien casse couilles. Elle regarde malo qui esquisse de larges sourires, puis me regarde. C’est sur elle pense que j’affabule. Ou pire qu’il est adorable mais que comme je suis une mauvaise mère, il est insupportable avec moi.
Elle me demande, rapport aux hurlements quand il mange, si on a pu le bruler avec de la nourriture. Je reflechis, je dis que je pense que non. Je reponds en hesitant car je pense qu’on ne peut jamais etre sure. Elle me regarde d’un air de dire que je n’ai pas l’air tres au courant de ce qui se passe dans la vie de mon fils et que si je suis incapable de repondre a sa question, c’est bien que je me fous de savoir si sa nourriture est à temperature correcte. Au moment où je lui dis que je ne peux pas etre certaine de ne pas être en cause, car je ne suis pas la seule à lui donner à manger puisque que son père le fait aussi , je comprends que je viens de commettre une autre erreur. Je sens qu'elle se dit qu'en plus, j'essaie de me dédouaner et rejeter la faute sur ce pauvre père qui n'a rien demandé. Une mauvaise mère qui en plus n'assume pas, quoi.
Elle l’osculte et lui trouve donc une pharyngite due, soit a un virus, soit à une brulure que nous lui aurions infligée. Nous parents indignes. Elle souligne qu’il va tres tres bien et qu’il est adorable. Elle sous-entend donc que je mens. Que je suis hypocondriaque, voire que je m’ennuie et que je meuble mes journées à aller chez les medecins ou autre, et ce egalement dans le but de leur faire perdre leur précieux temps. Ou bien -de nouveau- la 2ème théorie de la mauvaise mere qui s’occupe mal de son fils qui est par conséquent malheureux comme les pierres, et passe sa journée à hurler son désespoir.
Je la regarde interloquée. Mon fils n’a rien, c’est bizarre que se passe-t-il. Je reste suspendue dans le temps à reflechir. Elle me regarde et me dit que je devrais le rhabiller d’un air concerné. Blam, encore un attaque pro-mauvaise mère. A l'évidence, je me fous de savoir que mon fils est à poil sur la table a langer et heureusement qu’elle me rappelle à l’ordre, sinon, c’est certain, comme je suis bourrée, menteuse et piètre maman, je l’aurais ramené nu comme un ver à la maison. Voire je l’aurais oublié sur la table à langer du pédiatre.
Je passe à cette histoire de rythme. Mais pourquoi ne fait-il plus de sieste. Interrogatoire. Comment il se lève à 10h ! Ah mais il suit votre rythme. Sous-entendu j’ai 18 ans et je dors jusque 12h forcant mon fils a resté prostré dans son lit, le ventre vide. Heu non, madame, je suis levée avant lui. Coup d’œil. Qui me dit « ouais, c’est ca , t’as vu, t’as un piercing dans le nez, t’es sapée comme une hippie, coiffée comme une hippie, tu fais et tu dis n’imp depuis le debut de la consultation, et tu crois que je vais te croire. Droguée, va.»
Ignorant les attaques de mon adversaire, j’enchaine sur cette histoire comme quoi c’est pas le bon âge pour Malo pour commencer à se faire garder, parait-il, rapport à l’angoisse de la separation, qui se produit à peu pres à cette epoque la. Regard navré. Ah oui, ma bonne dame, c’est bien vrai. Je lis dans ses yeux qu’elle me demande à quoi je m’attendais. Comme si j’allais pouvoir me debarrasser de mon fils aussi facilement.
La consultation est terminée –dieu merci- et elle me raccompagne à la porte et devant mon air perdu, elle me dit « ca va ? vous n’allez pas craquer ? » Je la regarde et je comprends qu’elle pense que je suis au point de rupture. Alcoolique, droguée, mère incapable, inattentive, voire même nocive, sous la pression des pleurs, je vais sans doute craquer et elle lira un terrible fait divers dans la presse, bientôt, dans quelques jours. C’est sur.
Quand je suis partie, je l’ai entendu au téléphone. Je suis sure qu’elle appelait la DASS.
15 janvier 2009
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5 commentaires:
J'adore!!! Morte de rire!! J'aime beaucoup ce petit billet!!!
Mais non ma nunette je suis sure que tu es une mère parfaite!! :)
rha la la ! Ca fait du bien de se sentir soutenue par le personnel médical. Le plus important est qu'il n'ait rien ...
il est pas en train de sortir des dents difficiles ? Pour la bouffe, repasse le au bib le temps de Non ?
courage poulette, et n'oublie pas les mères parfaites ca existe pas :p
rha la la ! Ca fait du bien de se sentir soutenue par le personnel médical. Le plus important est qu'il n'ait rien ...
il est pas en train de sortir des dents difficiles ? Pour la bouffe, repasse le au bib le temps de Non ?
courage poulette, et n'oublie pas les mères parfaites ca existe pas :p
oui t'es bonne pour un signalement mais ça encore c'est pas trop grave...mois je m'en suis débarassé alors qu'il n'avait pas encore 3 mois (si je comprend bien les commentaires autours de moi c'est dingue qu'il ait survécu) et je me demande tout le temps s'il ne préfère pas sa nounou à sa maman indigne...
change de pédiatre!!!
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