27 mars 2007

Reminiscences

Ce que j’aime le plus quand je rentre chez mes parents, enfin, mes parents, c’est vite dit, disons plutôt ma mère, c’est fouiller dans ma chambre et retrouver tout un tas d’affaire qui me permettent de rafraîchir ma mémoire, de faire remonter des souvenirs.

Il faut dire que je garde tout. Moins maintenant, parce que bon, 50m² à Paris quand tu as l’équivalent du stock CD/livre/DVD/Vinyles de la Fnac, c’est pas évident. Bref, je m’égare. Ce week-end, comme à mon habitude, je suis allée explorer mes tiroirs pour y retrouver des cours, des bijoux et divers produits de beauté de quand j’étais ado et moche (oui, je retrouve aussi pas mal de photos et je trouve qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour réussir à enfin ressembler à quelque chose. Si, j’aime bien quand j’avais les cheveux courts et décolorés à blanc, j’avais 18 ans, j’allais en vacances à Hossegor, je me tapais des surfeurs dans le camping de Seignosse. J’avais encore mon piercing à la langue, c'etait fun, c'etait fou, j'etais jeune…), en bref, des trucs en tout genre. En ouvrant un placard je me rend compte que mon frangin de 18 ans y planque des bières. Il en reste une, pour la peine, je la bois. Prix de la location du placard. Je suis aussi allée faire une excursion dans le grenier quand je me suis rendue compte avec effroi que je n’arrivais plus à mettre la main sur mes lettres de quand j’étais en collège et que j’avais 3000 correspondants all over the world et que avec ma copine Anne-laure on s’écrivait des lettres tous les jours alors qu’on était dans la même classe, pour se dire à quel point on était amoureuse d’Emmanuel Proper, dit Garfield (me demandez pas pourquoi, me souviens plus)..


Dans le grenier, il y a de tout, chaque objet que j’extirpe est un flash de plus, des souvenirs réssucités, parfois des déchirements aussi quand je me rend compte que le grand livre des inventions a tout moisi et que j’ai donné toutes mes Barbies et les vêtements qui allaient avec et la coiffeuse et le camping-car à ma cousine que je déteste parce que c’est juste une salle peste (mais rend moi mes barbieeeeuuuuhhhs ! blam, mandale dans sa face, croche pattes et rapporte paquet sans ficelles (aucun rapport)). Je retrouve mes vieux vêtements, Dieu que j’étais mal habillée. Je retombe sur mon fut en vinyle bleu argent acheté aux Etats Unis, je me demande comment j’ai pu assumer un truc pareil à 17 ans. Je redescends du grenier confite de poussière mais heureuse, une Barbie à la main, mon gilet que je mettais tout le temps dans l’autre, un sourire nostalgique aux lèvres. J’ai un don pour sublimer le passé, effacer les mauvais souvenirs. C’est pour ça que c’etait toujours mieux avant. Et c’est pour ça aussi que j’aime bien relire mes journaux intimes qui me démontrent qu’en fait, moi, à l’époque, j’étais pas non plus transportée de joie et d’allégresse quand je pensais à ma vie.

C’est le tour du coffre à jouets dont j’extrais une à une mes peluches (ouh le piou-piou, oh la grenouille !), ma mère se saisit d’un micro qui résonne et me dit « qu’est-ce que c’est que ça ? » sur un ton de « ça va finir à la poubelle ». Alors la non. Veto. Il faudra me passer sur le corps, ce micro, c’est toute ma vie. Je me souviens qu’avec ma copine Julie en 5ème on chantait à tue-tête Crocodile rock par la fenêtre de l’appart de sa mère dans ces micros. Alors merde. Respect tout de même. Et mes excuses aux voisins par la même occasion. Pardonnez-nous, nous ne savions pas ce que nous faisions.


Je retrouve aussi des lettres que j’ai écrites et jamais envoyées, des lettres d’amour déçu, de tristesse post-rupture, je retrouve une lettre d’amour baffoué qu’on m’a adressé. J’ai la larme à l’œil. J’avais presque oublié ce type. Pourtant, je crois que je l’ai aimé. Enfin, d’après ma lettre jamais envoyée, j’étais quand même vachement triste. C’est une lettre ultra métaphorique sur des princes charmants qui laissent tomber des jolies princesses et leur histoire rose bonbon dans un caniveau. Ca respire pas franchement la joie de vivre. Dieu merci tout ça est passé. Je me dis que je lui écrirais bien une lettre pour savoir comment il va, s’il a trouvé sa bouée.


Je tombe alors sur mes dessins, à 90% réalisés en cours. Si ma mère savait ça (elle est prof) elle me tuerait. Enfin, ça reste moins grave que l’élève qu’elle avait eu et qui se branlait en cours. Marques il s’appelait. Il était en 5ème. Ma mère était détruite rien qu’à l’idée de faire cours à sa classe. J’en veux pour preuve que moi j’avais 11-12 ans et que je me souviens de toute cette histoire atroce comme si c'était hier. Remarque, moi en 5ème , j’étais pas nette non plus (pourtant j’avais l’age d’être en 6ème), je me suis pris une douzaine d’heures de colle. Je signais à la place de ma mère mon carnet de liaison, j’avais même collé une feuille blanche avec des trait de stylo bille noir tirés dessus pour faire genre ma page d’avertissements était vierge. Bien évidemment ma mère a tout de suite remarqué le pot au rose. Résultat, de 1. elle m’a dénoncée elle même à mon collège pour qu’ils me punissent et de 2. elle m’a confisqué tous mes bibelots. MES bibelots. MA vie. Traumatisme ! Bon par la suite ça s’est arrangé. On en a déduit que j’avais fait ma crise d’adolescence de façon prématurée.

Finalement donc ma valise qui devait être vide est remplie de tout un tas de conneries dont je ne peux me défaire. Chaque objet est un souvenir. Ce n’est pas l’objet en tant que tel et dans une logique matérialiste qui m’intéresse, mais les souvenirs que j’ai mis dedans. Chaque fois que j'en perd un, je perds un bout de ma vie, de moi.



Et dans le train qui me ramène à Paris, une jeune femme de 28 ans est en fait une petite fille de 12 ans toute excitée à l’idée d’aller montrer ses nouveaux trésors à son chéri.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca sent la nostalgie tout ça : ) Les heures dans le grenier à tout sortir des cartons et se couvrir de poussière, de toiles d'araignées (et pour moi, de terre battue, mon grenier étant une cave), les larmes aux yeux quand on retrouve des objets oubliés et pourtant adorés il y a quelques années... Des souvenirs qui remontent...Rien que ça, c'est toute une histoire.
A chaque fois que je rentre chez ma mère je peux pas m'empêcher de rapporter un peu plus de bordel. Toutes les mêmes...

La Nonne a dit…

nostalgie mais pas que... surtout que depuis que j'ai enfin compris la facon perverse dont fonctionne ma mémoire ie l'effacement quasi systématique du mauvais pour ne garder que le bon.
Maintenant j'accepte que la vie avance et soit différente

Chachou a dit…

J'en suis pas encore arrivee a ce stade... je deteste tout ce qui se rapporte a moi, les photos par-dessus tout (je reve de bruler en secret les photos de moi que mon pere garde... Jusqu'a mes 2 ans ca va, mais apres jusqu'a aujourd'hui, c'est mort).
Par contre, quand je rentre chez mes parents, j'adore decouvrir qu'ils ont change la deco, achete tel ou tel nouveau bibelot, nouvel ustensile de cuisine... Je fais toujours le tour de tous les placards ! Vu que ca fait maintenant plus de 6 mois que je suis pas rentree, ca va me faire un choc !

22 a dit…

J'arrive pas écouter crocodile rock. Pourtant j'avais vachement envie.

La Nonne a dit…

c'est le fichier radioblog qui déconne
J'ai mis un autre morceau de l'excellent Money Mark plutot dans l'humeur du jour... Pas une bonne période pour les histoires d'amours on dirait...

22 a dit…

c'est juste une impression. Y a des gens très heureux en amour. Sûrement. Quelque part. Au fin fond de l'Amazonie?

Chachou a dit…

J'aurais dit en Ouzbekistan. Mais oui, probablement doit y en avoir, sinon on arreterait d'en parler...