J’ai longtemps été farouchement opposée à la façon de vivre commune imposé par notre société, en très schématique, le fameux "travailler pour vivre, vivre pour travailler », accepter de courir tout le temps, de ne plus avoir de temps, plus de répit, plus de moment de calme, bénir les dieux de m’avoir généreusement octroyé 5 semaines de congés payés à répartir entre le voyage au bout du monde de 2 mois, les 3 semaines au ski, la semaine a Noël, les 2 semaines au printemps.. Quoi ça rentre pas ? Oui, je sais bien que ca rentre pas ! C’est dégueulasse ! J'ai envie de dire "y’en a marre les gars!".
En même temps je l’ai un peu cherché cette affaire. Mes études ne me permettent pas de jouir d’un boulot certes pas très intéressant mais qui me permettrait de sortir à 18h le soir, de passer ma journée à faire autre chose que travailler. Non, tout ce qu’on me propose maintenant, ce sont des boulots de malade avec des tonnes de responsabilités, des projets passionnants, et des horaires de travail illimités. Bon le salaire va avec et ça c’est cool. Oui, mais et moi ? Pourquoi est-ce que mon temps hors-travail est de plus en plus restreint et surtout pourquoi dois-je l’occuper à toute les choses passionnantes de la vie domestique et administrative que je n’ai jamais le temps de faire ? Jusqu'à présent j’étais incapable d’accepter cet état de fait, je pestais, je bouillais de rage et de déception. D’autant que si l’on réfléchit bien, à aucun moment, cela va se calmer. A priori, je vais avoir des boulots de plus en plus prenants et stressants, et si ça se trouve je vais même pondre des chiards qui achèveront de me pomper mon temps, mon espace libre. Me lever encore plus tôt le matin, me battre pour les laver, les habiller, leur préparer un goûter, leur expliquer que même si la fille est grosse, c’est pas sa faute et il faut pas la traiter de vilaine vache qui pue du cul, que si le garçon a des lunettes, c’est également très mal de les piétiner en se marrant, que si la fille est méchante, ça sert à rien de lui tirer les cheveux à part à devenir aussi méchante et bête qu’elle, à passer 3 heures à essayer de leur faire bouffer leurs putains de légumes et à leur expliquer qu’il faut pas mettre les doigts dans son nez ou sortir de table avant d’avoir terminé les putains de légumes sus-mentionnés. Le tout avec un aspirateur dans la main droite, une déclaration d’impôt a remplir dans la main gauche et cette sale pute de banquière au téléphone qui n’arrive pas à comprendre que problème de trésorerie n’est pas mort d’homme.
Honnêtement tout ça ne concorde absolument pas avec ma vision de la vie idéale.
Et bien pourtant je me surprends à m’y faire . Enfin . Quelque part je n’avais pas le choix, mais peu d’espoir d’arriver à accepter cet état de fait, auquel on ne peut échapper qu’en étant rentier au départ. En même temps je suis sure que si j'avais eu cette "chance", je me serais plainte de n’avoir aucune stimulation intellectuelle, aucun but, aucune difficulté à franchir. Tout aurait été si peu source de contraintes que la vie serait juste plate, ennuyeuse, sans satisfaction et pour le coup complètement inintéressante. Ou pas.
On se rassure comme on peut.
Oui, donc, je m’incline. Pourquoi, je ne sais pas. Peut-être que finalement, la lutte psychologique et perdue par avance que je menais contre cette vie qui m’est imposée me fatiguait encore plus. Maintenant je suis sereine. Une merde, hop c’est pas grave, ça va passer. Ca va forcément passer. Et puis ça n’est ni la première ni la dernière. On gère, affaire suivante, inutile de s’énerver...
Est-ce que je me trahis ? ou est-ce que je grandis ? Ou est-ce qu’à force d’avoir la preuve à chaque seconde que ma vie est bien mieux que celle de beaucoup de gens a fini par avoir raison de ma résistance .
J’aime et je suis aimée. Je partage énormément de centres d’intérêts et une vision commune de la vie avec mon chéri. Et même s’il a des défauts, c’est quelqu’un de bien, qui ne me fera jamais de mal volontairement, qui ne me trahira pas. Avec lui, même les choses ennuyeuses de la vie, comme j’aurais pu les définir il y a encore peu de temps, prennent des allures de fête et de promesses de bonheur.
J’ai un boulot passionnant où chaque jour on me prouve que l’on apprécie mon travail et que mes compétences ont beaucoup de valeur, même si je peux être prise d’envie de meurtre par moment.
Je suis bien payée, ce qui me permet de voyager, de me faire tout un tas de plaisir divers et variés.
J’ai des amis, des vrais, des gens sur qui je sais que je pourrai toujours compter et avec qui je serais toujours complice, malgré la distance, malgré le temps qui passe, des amis pour qui moi aussi je ferai n’importe quoi.
Non décidément, la vie qu’on nous propose n’est pas mon premier choix mais j’ai la satisfaction d’avoir la sensation d’avoir mené ma barque au mieux.
Maintenant je suis capable d’être heureuse, même quand tout n’est pas rose et putain qu’est-ce que ça fait du bien !
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4 commentaires:
Comme dirait mon grand-pere, "ya que les imbeciles qui ne changent pas d'avis !"
Alors si tu as trouve ta voie, ou t'es accomodee de celle que l'on t'a designee, et que tu arrives a etre heureuse comme ca... eh ben alors fuck les ideaux de jeunesse !
En tous cas, ça ne résonne pas comme une "défaite" à te lire. Tu ne serais donc pas des aigris qui regrettent leurs idéaux passés et révolus. Rien n'est noir ou blanc, finalement. Tu traces ta route.
j'ai été aigrie longtemps, décue, je me suis sentie trompée, je n'arrivais pas à accepter, et justement en ce moment, c'est étrange, je sens une sorte d'apaisement, d'acceptation calme. Ca n'est pas de la résignation, je change simplement de perspective et finalement, pourquoi pas ?
En plus, que peut-on réellement savoir de la vie adulte avant de la vivre ? Dans quelle mesure les idéaux de jeunesse sont-ils valables. Ils nous donnent une direction certes, mais la destination n'est pas toujours celle que l'on a imaginé.
Et je pense que tes ideaux, tu ne les as pas oublies, non ? Car apres tout, l'ideal ultime est d'etre heureux, peu importe le chemin pour y arriver... en fait je pense que c'est ptet ca aussi, devenir "adulte"... chais pas trop !
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