13 juin 2007

Le plaisir de la solitude

Aujourd’hui, je suis allée déjeuner.
3 semaines que je mange des salades franprix, des sandwich Daunat, du class’croute etc dans la cave de mon taff. En 30 minutes, l’affaire est dans le sac, je remonte à mon poste, c’est comme si il n’y avait même pas eu de pause.

J’en ai marre alors aujourd’hui j’ai déjeuné. Tous mes copains du boulot sont partis, démission, licenciement, déménagement d’une partie des locaux. Je n’ai plus personne avec qui déjeuner. Moi qui m’était si souvent illustrée par mes taux d’alcoolémie en rentrant, par la longueur de mes pauses déjeuner. Moi qui tant de fois constatait le décès de mon carnet de tickets resto au bout d’une semaine, non aujourd’hui je suis abandonnée de tous.

J’aime déjeuner alors merde j’ai déjeuné. Seule. Avec mon livre Bye Bye Blondie. Je ne suis pas de ces filles qui sont incapables de se poser seule à une terrasse de café, seule à un restaurant, seule au cinéma, seule dans un expo. Je m’en fous. J’aime être seule. Je suis quasiment fille unique, je me suis habituée à ma compagnie, je sais m’occuper. J’aime être seule. Je me fous de ce que pourrait penser les autres car je pense qu’ils ne pensent rien. Je suis suffisamment sure de moi pour échapper aux réflexions type « ils vont croire que je n’ai pas d’amis, que personne ne m’aime ». Je m’en fous.

J’ai déjeuné seule avec mon livre, avec Gloria, Eric, Michel et les keupons des années 80 de Nancy. Seule avec la folie de la protagoniste qui m’est si familière et en même temps trop violente, seule avec sa douleur, ses déceptions, sa résignation, sa destruction. Une connaissance m’a prêté ce livre en me disant qu’il l’avait fait penser à moi. J’espère que ça ne vient pas de Gloria. Je n’en suis pas la, je n’en serai jamais la, et je n’y ai été que rarement. Dans cette rage qui confine à la folie, cette rage qui conduit le corps à vouloir avoir mal. En hurlant, en se jetant contre les murs, en se couchant au milieu de la route, en formulant les phrases qui allaient tout briser. Bien consciente cependant. Mais incapable d’arrêter la vague. Incapable d’admettre que c’est la petite voix qui dit « mais qu’est-ce que tu fais, c’est n’importe quoi, ça n’a pas de sens et en plus tu vas le regretter » qui a raison. Ou en fait si, mais laisser la voix de l’autodestruction gagner. Parce que c’est plus facile. Parce qu’on a besoin de se punir parce qu’on se méprise.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai surtout pensé au côté "fille qui s'est faite toute seule dans une petite ville de province avec des bon goûts musicaux et qui se laisse pas emmerdée"
;-)

lapin

Chachou a dit…

Ben la fin de ta description, c'etait moi il y a qqes temps... Faudrait que je le lise a mon retour en France.
Contente de te relire, la nonne ;-)

La Nonne a dit…

moi ca m'est arrivé qqs fois à ce point (une dizaine) et puis d'autre fois plus souvent, mais en beaucoup plus soft...
Je connais la rage, la vague, le combat de voix ou c'est celle de la rage qui gagne.

L'apprentissage de la maitrise de ces emotions est long, mais il n'est pas vain

lapin : ok je prefère, de toutes facons je me demandais comment tu aurais pu savoir qu'il y a qqs années j'ai fait des crises du type absolument mémorables ;-)

Anais a dit…

Merci de ton passage chez moi et de ton commentaire.
Pour la musique qui passe à la radio, je m'y connais comme une fille qui écoute régulièrement la radio... ça peut m'intéresser

Chachou a dit…

Ouais, ca prend du temps... ca tombe bien, j'en ai ! J'ai commence et je compte bien arriver a mes fins. Les resultats sont d'ailleurs deja visibles... fragiles je le sais, mais bien concrets.
ŻUBRÓWKA POWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!

Anonyme a dit…

C'est amusant, parce que pourtant je connais peu de personnes aussi obsédées par le regard des autres. La provoc' pour assumer sa différence, c'est tellement ado que s'en est complétement toi. Mais c'est ce qui fait ton charme...